Pour plus d'informations, cliquez ici >>>

Helicobacter pylori  est une bactérie qui survit dans le milieu acide de l’estomac. La plupart du temps (environ 70 % des cas), la personne contaminée ne s’en aperçoit même pas. La bactérie peut cependant être responsable de troubles gastriques, d’ulcères et même de cancers. Elle s’installe profondément dans la muqueuse de l’estomac et y reste tant qu’elle n’est pas soignée.

Vidéo d'expert

Le Docteur Vincent Lamy, gastro-entérologue spécialisé dans le traitement des infections bactériologiques par Helicobacter pylori, répond à quelques questions autour des sujets suivants : description générale de la bactérie, description des méthodes de dépistage et explication des traitements existants ou qui sont en cours de développement.

>>> Cliquez ici pour découvrir les vidéos du Dr. Lamy.

La bactérie
Helicobacter pylori 

Helicobacter pylori  est une bactérie qui se développe dans l’estomac humain et qui le colonise chez près de la moitié de la population mondiale. L’infection à Helicobacter pylori  est l’infection bactérienne chronique la plus répandue, après la carie.

Elle tire son nom de la forme hélicoïdale (qui a la forme d’une hélice) de son enveloppe et de sa localisation dans la partie basse de l’estomac, au niveau du pylore.

Des propriétés uniques pour survivre dans l’estomac

Helicobacter pylori  a des particularités qui lui permettent de survivre et de se multiplier dans l’environnement acide de l’estomac, particulièrement hostile. Tout d’abord, sa forme hélicoïdale et ses flagelles lui permettent de pénétrer et de se déplacer dans la couche de mucus épais qui constitue une barrière physique protégeant la membrane interne de l’estomac. D’autre part, elle produit une enzyme particulière, appelée uréase, qui produit de l’ammoniac. Les bactéries sont dès lors entourées d’un nuage protecteur d’ammoniac anti-acidité.

Contamination

La contamination est très souvent intra-familiale car elle est transmise via les régurgitations dans la salive et les vomissures, d’une part, ou par les selles (surtout les diarrhées), d’autre part. Avec l’amélioration des conditions de vie et d’hygiène dans les pays développés, l’infection est moins fréquente chez les jeunes que chez les anciens.

Si un de vos proches souffre de troubles liés à une infection par Helicobacter pylori, vous êtes à risque plus élevé. Demandez à votre médecin s’il ne faut pas dépister sa présence chez vous et adoptez des règles d’hygiène strictes pour éviter la contamination de vos enfants, par exemple.

Maladies

Dans environ 70 % des cas, la gastrite chronique causée par H. pylori  est asymptomatique, c’est-à-dire que les personnes infectées par Helicobacter pylori  ne ressentent aucun symptôme, l’inflammation chronique passe inaperçue et persiste toute la vie sans faire parler d’elle. Néanmoins, et avec le temps, il arrive que l’inflammation de l’estomac entraîne des troubles digestifs ou certaines maladies :

  • Des troubles dyspeptiques, ou troubles de la digestion, peuvent être provoqués par la présence d’Helicobacter pylori.

  • Dans la majorité des cas, les ulcères (des blessures de la muqueuse) de l’estomac et du duodénum (partie supérieure de l’intestin grêle) sont dus à l’infection par Helicobacter pylori. Dans ce cas, pour éviter les récidives d’ulcères, on visera à éliminer Helicobacter pylori  par un traitement.

  • Les cancers de l’estomac sont, dans 60 à 90% des cas, dus aux gastrites causées par Helicobacter pylori. Ces cancers concernent 1 à 3% des personnes infectées. La prévention du cancer gastrique chez les personnes à risque par éradication de la bactérie Helicobacter pylori  est efficace, surtout si elle est faite précocement.

  • Le lien entre l’infection par Helicobacter pylori  et d’autres maladies, parfois non digestives (par exemple, des maladies cardiaques), est soupçonné mais cela doit encore faire l’objet de recherches plus poussées.

détection

Pour détecter la présence d’Helicobacter pylori  dans l’estomac, et diagnostiquer l’infection, plusieurs méthodes sont possibles. En fonction du contexte, des symptômes éventuels et de la situation, le médecin optera pour :

  • Le test respiratoire à l’urée : après avoir bu un verre d’urée marquée diluée dans de l’eau, le patient souffle dans un tube et l’analyse de l’air expiré permet de révéler indirectement la présence d’Helicobacter pylori.

  • Les analyses de sang ou de selles.

  • La gastroscopie, une intervention qui consiste à aller voir à l’intérieur de l’estomac, et à pouvoir prélever un échantillon (biopsie). Cette méthode permet de coupler la recherche de la bactérie avec un antibiogramme, c’est-à-dire un test de sensibilité à différents antibiotiques.

Ces différentes méthodes ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients. Après un traitement, un nouveau test sera toujours réalisé afin de contrôler la présence de la bactérie.

Pourquoi dépister ?

En règle générale, toute personne qui ressent des symptômes digestifs non expliqués se verra proposer un test de détection d’Helicobacter pylori.

De plus, on la recherchera, pour prévenir un nouvel ulcère, si vous en avez déjà souffert ou pour prévenir le cancer gastrique si un de vos proches en souffre ou en a souffert.

Traitement

Puisqu’il s’agit d’une bactérie, un traitement combiné à base d’antibiotiques et d’un médicament pour lutter contre l’acidité de l’estomac (inhibiteur de pompe à protons - IPP) est généralement conseillé. Néanmoins, en raison des résistances développées par Helicobacter pylori  contre les antibiotiques, un test de vérification d’éradication sera toujours réalisé car le traitement à base d’antibiotiques peut échouer. L’élimination de la bactérie permet de stopper l’évolution des lésions de l’estomac quel que soit l’âge du patient. Le bénéfice du traitement d’Helicobacter pylori  est donc réel même après plusieurs années d’infection.

Il est primordial de suivre scrupuleusement la posologie et la durée du traitement prescrit.

Parfois, il est conseillé de compléter le traitement par des probiotiques pour optimiser son effet et réduire les effets secondaires digestifs dus à l’utilisation d’antibiotiques qui ménent à l'affaiblissement de la flore intestinale.

Stratégies d’avenir

De nouvelles approches de traitement ou de lutte contre Helicobacter pylori  font l’objet d’études de nombreuses équipes de chercheurs. Parmi les différents axes étudiés, on retiendra :

  • La mise au point d’un vaccin contre Helicobacter pylori. En induisant une réponse immunitaire, le but est de lutter préventivement contre la colonisation de la muqueuse de l’estomac ou contre l’agressivité de la bactérie. Cependant, ce vaccin n’existe pas à l’heure actuelle et sa mise au point nécessitera, selon les chercheurs, pas moins de 20 ans de travail.

  • L’utilisation de bactériophages spécifiques : il s’agit de virus qui infectent des bactéries. Ils s’accrochent à la paroi de la bactérie, lui injectent leur propre ADN, et forcent la bactérie à produire de nombreuses copies du bactériophage, ce qui conduit à l’explosion de la bactérie. Néanmoins, cette technique n’est pas autorisée à l’heure actuelle.

  • Le recours à des bactériocines, qui sont des protéines ou des peptides produits par des bactéries et qui ont une action contre d’autres microbes. Par exemple, des bactéries lactiques produisent de la lacticine, qui agit contre Helicobacter pylori. Les chercheurs travaillent afin de stabiliser ces microorganismes producteurs de lacticine dans des conditions gastriques.

  • L’utilisation des métabiotiques : il s’agit d’une approche à base de produits issus de microorganismes probiotiques. Un exemple très prometteur est celui du Pylopass , à base de cellules inactivées d’une souche particulière de la bactérie Lactobacillus reuteri, qui s’agrègent avec les bactéries Helicobacter pylori  et diminuent de ce fait leur mobilité et leur capacité de colonisation de la muqueuse gastrique. Les amas formés alors par Helicobacter pylori  et Pylopass sont conduits de l’estomac vers l’intestin avant d’être éliminés dans les selles. Pylopass reste stable dans des conditions gastriques et ne présente pas d’effets secondaires. Son efficacité est cliniquement prouvée.

Pour plus d’informations, cliquez ici >>>

Ref :

Recommandations de prise en charge de l’infection à Hp en 2016 pour les médecins généralistes- GEFH- www.helicobacter.fr
www.e-sante.be/helicobacter-pylori-bacterie-tous-dangers
www.gastroliege.be
Eradication of Helicobacter pylori Infection: Past, Present, and Future - Baryshnikova et al. J Clin Gastroenterol Treat 2016, 2:011

Remarque générale :

Ces informations n’ont pour but que de vous informer et ne peuvent servir d’outil diagnostique ou de traitement. Dans tous les cas, il est indispensable de consulter un professionnel de la santé.

Témoignage :

Je risquais un cancer de l’estomac, un traitement antibiotique m’a protégé

« Depuis tout petit, j’ai toujours vu ma mère souffrir de maux d’estomac, de problèmes de digestion, elle a eu plusieurs ulcères, dont on disait qu’ils étaient provoqués par le stress. Elle ne mangeait jamais sans arrière-pensée, ne buvait pas d’alcool, et a pris un nombre incalculable de médicaments. Puis, un jour, ce fut pire : on lui a annoncé qu’elle souffrait d’un cancer de l’estomac. Elle est décédée deux ans plus tard, sans avoir vraiment profité de sa retraite et de ses petits-enfants.

Il y a une petite dizaine d’années, mon médecin généraliste m’a envoyé chez un gastro-entérologue pour suspicion d’ulcère gastrique. Il a réalisé une gastroscopie pour faire le diagnostic mais il a aussi prélevé une biopsie qu’il a fait analyser. C’est alors que j’ai appris que j’étais infecté par une bactérie, Helicobacter pylori, qui était en train de bousiller mon estomac. Si je ne me soignais pas, je risquais, comme ma mère, de développer un cancer gastrique ! C’est probablement ma mère, qui l’avait elle-même attrapé enfant en Afrique, qui m’avait transmis ce microbe. Le médecin m’a alors prescrit un traitement fort, à base d’antibiotique, pour l’éliminer et m’a expliqué que cela agirait comme une sorte de vaccin contre le cancer de l’estomac que je risquais de développer moi aussi. Mon frère a également été testé mais il n’était pas infecté. Depuis, mon épouse et ma fille ont également été testées, afin d’éliminer tout risque. Pour ma part, après vérification, il n’y a plus de trace de présence du microbe dans mon tube digestif et je suis tiré d’affaire. »

Luc P., 52 ans, Strombeek-Bever

Source : patient-expert.be